Nobéré est un village de 3500 habitants situé dans le sud du Burkina Faso dans la province du Zoundwéogo, à une centaine de kilomètres de la capitale. Bien qu'étant chef-lieu de département, Nobéré n'est toujours pas raccordé au réseau électrique.
Le village possède néanmoins un dispensaire, une petite pharmacie, une école primaire et un collège. Les habitations sont, pour la plupart, des constructions traditionnelles en terre.
L'agriculture compte pour une grande part de l'activité économique du village. Quelques petits commerces de première nécessité existent.
Comme bon nombre de villages du Burkina, Nobéré s'est bâti un riche patrimoine historique où se mêlent faits authentiques et légendes animistes. Démêler le vrai du faux serait tâche impossible et enlèverait la part de rêve et de folklore qui pimente ces récits.
Un personnage reste toujours présent dans les mémoires de la population du Zoundwéogo : Naaba Bilgo, fils du Naaba Woubri. Il vécut entre 1250 et 1580 et fut responsable de l'unification du royaume du Mogho (l'ethnie Mossi, la plus représentée au Burkina). La naissance même de ce roi est extraordinaire. Sa mère aurait en effet été enceinte pendant trois ans mais chaque nuit Bilgo quittait le ventre maternel pour ne revenir qu'à l'aube. Ce petit manège prit fin quand toute sa famille veilla son retour et pu enfin célébrer sa naissance.
Le début de la vie de Bilgo est assez chaotique. Il tenta de s'implanter dans plusieurs villages mais fut à chaque fois chassé. Ce n'est qu'à Nobéré où il fut accueilli à bras ouvert. Il pu enfin trouver la paix et grossir : Nobéré signifie grossir en langue Moré.
La façon dont il a régné et construit son royaume reste assez obscure. Seules des marques sur les pierres ou les arbres témoigneraient, selon les Mossi, de sa présence à Nobéré.
En revanche, l'épisode de sa mort est connu de tous. Bilgo serait décédé à la fois à Nobéré et à Po (village à une quarantaine de kilomètres de Nobéré). Les habitants de Nobéré, en découvrant le cadavre de leur chef, envoyèrent une délégation à Po pour les informer de la nouvelle. Ceux de Po en firent autant. Quand les deux délégations se rencontrèrent à mi chemin, elles se saluèrent et furent instantanément transformées en statues de pierre. On peut d'ailleurs les retrouver, avec un peu de chance, au détour d'une piste en brousse. Le chef fut enterré avec tous les honneurs dus à son rang (à Nobéré et Po) mais dès les obsèques achevés, deux éléphants surgirent du sol. Les deux animaux s'enfoncèrent dans la forêt et disparurent. Encore actuellement, l'éléphant est considéré par les Mossi comme un animal sacré.